La quatrième conférence-débat a eu lieu le lundi 10 mai 2010, à 20 h30, salle Saint Louis à Moisdon la Rivière.
Intitulée, « L’eau, ressource locale, sous la responsabilité des acteurs locaux », la conférence a abordé les thèmes suivants :
Intervention de Frédéric Faissolle – Ingénieur hydrogéologue, Responsable du pôle eau du Conseil général de Loire-Atlantique.
Avec la collaboration du :
Frédéric Faissolle,
hydrogéologue au Conseil Général de Loire Atlantique, direction de l’environnement et du cadre de vie, service environnement, pôle eau.
Le Conseil Général de Loire Atlantique répond prioritairement aux objectifs de préservation de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques et de sécurisation de l’alimentation en eau potable. Ces interventions concernent directement les usages de l’eau (gestion et entretien des rivières et plans d’eau, alimentation en eau potable, assainissement) ou ont un impact direct sur l’eau et les milieux humides (aménagements fonciers, routiers ou agricoles…).
Laurent Caderon,
directeur du Syndicat Départemental d’Alimentation en Eau Potable, interviendra au nom du SIAEP du pays de la Mée.
Le Syndicat Départemental d’Alimentation en Eau Potable de Loire-Atlantique, dont la création a été autorisée par arrêté préfectoral du 29 juin 1963, est un établissement public administratif composé de onze syndicats intercommunaux et une communauté de communes.
Il a pour objet la recherche de l’unification des tarifs de vente d’eau potable en Loire-Atlantique : il assure cette mission au moyen d’une péréquation financière effectuée chaque année entre collectivités adhérentes.
Son rôle s’est étendu à la définition de la politique générale à mener pour la desserte en eau potable. Ainsi, le Syndicat Départemental :
Joseph David, président du Syndicat de Bassin Versant de la Chère.
Pour plus d’information, vous pouvez consulter leur site Internet
Pierre Demerlé, président du Syndicats de Bassin Versant du Don et Delphine Forestier, animatrice.
Pour plus d’information, vous pouvez consulter leur site Internet
L’agence de l’eau est un établissement public de l’Etat, à caractère administratif. La loi sur l’eau de 1964 a créé 6 agences de l’eau qui oeuvrent dans 6 grands bassins hydrographiques. L’agence de l’eau s’engage aux côtés des élus et des usagers de l’eau pour la qualité de l’eau et des milieux aquatiques.
Ses missions :
L’agence de l’eau aide financièrement et techniquement les actions d’intérêt général au service de l’eau et de l’environnement du bassin : la lutte contre la pollution des eaux, la protection et la restauration des ressources en eau (rivières, plans d’eau, nappes, eaux littorales) et des milieux aquatiques.
Ces actions sont financées par les redevances payées par les usagers de l’eau du bassin.
Composé d’élus, de représentants socio-professionnels, associatifs et des services de l’Etat, le comité de bassin est le parlement de l’eau du bassin Loire-Bretagne.
Le SAGE est élaboré, suivi et révisé par une Commission locale de l’eau (CLE), composée pour moitié au moins de représentants des élus locaux, pour un quart au moins de représentants des usagers (acteurs économiques, associations, riverains, etc.), et pour le reste de représentants des services de l’Etat et de ses établissements publics.
La Directive Cadre sur l’eau (DCE) 2000/60/CE adoptée par les Etats Membres en septembre 2000, publiée au Journal Officiel des Communautés Européennes le 22 décembre 2000, établit selon les termes de son article « un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau ».
Les 4 objectifs fondamentaux de cette directive sont :
la non détérioration de l’existant,
l’atteinte du Bon état en 2015,
la suppression des rejets de substances dangereuses prioritaires (13 à ce jour) et réduction des rejets de substances prioritaires (20 à ce jour) et de 8 substances supplémentaires,
l’atteinte des normes et objectifs fixés par les directives existantes dans le domaine de l’eau au plus tard en 2015 (périmètre de captage, eaux de baignade, directive nitrates, directive eau résiduaire urbaine, …).
Le site : http://europa.eu/legislation_summaries/agriculture/environment/l28002b_fr.htm
Un site pédagogique : http://eau-et-rivieres.asso.fr.icodia.info/index.php?76/174&p=1
Schéma directeur (Sdage) et schéma d’aménagement (Sage) des eaux sont les outils d’une planification concertée de la politique de l’eau : l’un et l’autre sont élaborés dans une démarche qui associe toutes les parties concernées. Partant d’un état des lieux, ils identifient les questions auxquelles il faut répondre, c’est le diagnostic, et déterminent les objectifs de qualité (et de quantité) de l’eau et les moyens d’action pour les atteindre. Ils visent l’atteinte d’un bon état des eaux et des milieux aquatiques
Le Sdage concerne le grand bassin hydrographique. Il décrit la stratégie du bassin pour stopper la détérioration des eaux et retrouver un bon état de toutes les eaux, cours d’eau, plans d’eau, nappes et côtes, en tenant compte des facteurs naturels (délais de réponse de la nature), techniques (faisabilité) et économiques.
Le SDAGE du bassin Loire-Bretagne – 2010-2015 a été arrêté le 18 novembre 2009.
Les Sage sont établis à l’échelle de bassins versants plus réduits. La carte ci-dessous permet de visualiser les différents SAGE concernant le Pays de Châteaubriant :
http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage_et_sage/sage/Carte_Sage.pdf
Mot d’accueil de André Lemaitre, Maire de Moisdon La Rivière
C’est un plaisir de vous accueillir ici dans cette salle chargée d’histoire. Le Conseil de Développement a peut-être choisi Moisdon pour cette conférence parce que nous avons de l’eau ? Quelle que soit la réponse, sachez que nous sommes tous passionnés par la préservation de la qualité de l’eau. Ceci dit, je vais être bref afin de laisser la parole aux différents intervenants, bonne soirée à tous.
Introduction par Jean-Paul Pierres, Président du Conseil de Développement,
Il s’agit ce soir de la 4e conférence-débat et nous allons consacrer cette soirée à l’eau. Nous avons prévu trois intervenants et en plus quelques spécialistes sont présents dans la salle.
L’eau source de vie…
La première notion qu’il faut avoir en tête, c’est qu’au niveau de la planète, la quantité d’eau est limitée. En fait, nous n’assistons qu’à des mouvements de cette ressource. D’où l’importance de ne pas la gaspiller, ni de la polluer afin de la rendre réutilisable.
Jadis cette ressource était une ressource de proximité, chacun allait au puits… Puis, la demande s’amplifiant, il a fallu aller chercher cette ressource un peu plus loin, d’où la construction d’aqueducs, puis de canalisations, de plus en plus performantes.
Aujourd’hui, la grande disponibilité de l’eau nous fait oublier quelle est la source de vie. Nous tombons souvent dans le gaspillage, le traitement devient de plus en plus difficile pour redonner une qualité acceptable à cette eau.
L’objectif de la conférence de ce soir est de mieux appréhender nos ressources locales en eau et de visualiser l’organisation des acteurs locaux intervenant sur cette question.
Je vais donc laisser la parole à Monsieur Frédéric Faissolle. Il est, entre autres, chargé de suivre la préservation de la ressource en eau potable et de la recherche de nouveaux gisements.
L’intervention ce soir va porter sur la ressource en eau (notamment souterraine) et ensuite sur l’organisation de l’accès à l’eau potable. Les données concernent le département avec des focus sur la situation dans le Pays de Châteaubriant.
Le principe de base, valable sur l’ensemble de la planète, conditionnant la présence d’eau est lié aux 2 paramètres suivants : le relief et la géologie (nature du sol et du sous sol). Nous aurons de l’eau :
– en surface (cours d’eau, lacs, marais,…) dans les points bas et secteurs au sous sol « imperméable » (sols argileux)
– en profondeur (nappes) dans les secteurs au sous-sol perméable (couches sableuses ou roches fracturées).
F1 : cas de Saffré, forage très productif, plusieurs de centaines de mètres cubes heures, volume compatible pour une collectivité.
F 2 : cas dominant dans le Pays, débits très faibles. Nous sommes sans des nappes dites de socles. La roche mère est imperméable, aussi pour avoir de l’eau, il faut être :
soit en surface, au niveau de roches anciennes qui se sont dégradées et se comportent un peu comme une éponge. Nous avons alors des ressources exploitables par des puits permettant un usage domestique « limité ».
Soit entre 40 et 60 mètres, au niveau de la roche massive, qui peut contenir de l’eau si elle est fracturée (failles, « Karst colmaté » du schéma ci-dessus).
Dans le Pays, il faut prévoir des forages d’environ 100 mètres de profondeur pour être sûr d’atteindre plusieurs fractures et obtenir des débits de plusieurs m3/h (généralement suffisants pour un usage agricole d’élevage ou industriel, ou pour une petite collectivité).
Une fois que l’on a trouvé de l’eau, il importe de la gérer au mieux. Qu’est-ce qui permet de dire, qu’à un moment donné, nous sommes plutôt en surexploitation ou au contraire en sous exploitation ?
Chaque nappe a son propre niveau qui évolue au fil des saisons (Nappe du bassin tertiaire de Saffré). En Loire Atlantique, le Conseil Général a 25 appareils qui enregistrent en permanence le niveau de certaines nappes, en des points stratégiques.
Ces relevés montrent que les nappes sont en lien « rapide » avec les eaux de surface. En effet, nous avons :
des niveaux variant annuellement avec la pluviométrie (chaque hiver, les nappes se rechargent, alors que dans certaines régions, plusieurs dizaines d’années, voire plusieurs milliers d’années peuvent être nécessaires) ;
des temps de renouvellement « âges » rapides (de l’ordre de quelques années à quelques dizaines d’années au maximum).
des vitesses d’écoulement dans les nappes exploitées assez importantes, sans avoir toute fois des rivières souterraines ! Nous avons ainsi les ordres de grandeurs suivants :
Concernant plus précisément l’aspect qualitatif, la qualité « naturelle » [1] de l’eau est différente suivant la nature du sous-sol. Nous avons :
– une eau « dure » et parfois turbide (suite aux grosses pluies) à Saffré ;
une eau riche en fer et épurée en nitrates à Soulvache.
La nature du sous-sol influence aussi la sensibilité aux pollutions provenant de la surface du sol :
– Saffré et Saint Sulpice des Landes : forte sensibilité ;
Soulvache : sensibilité faible à modéré.
En conclusion, nous avons des nappes sensibles aux conditions climatiques, aux pompages (d’où la mise en place des plans de gestion en cas d’hiver sec suivi d’un été chaud) et aux pollutions
Une organisation de l’alimentation en eau potable adaptée aux ressources disponibles…
Partant de cette disponibilité en eau souterraine, nous allons maintenant voir comment s’est organisée la mise à disposition de l’eau potable dans le département.
Nous avons un faible nombre d’unités de production, lié au nombre limité de nappes souterraines ayant des débits suffisants pour un usage collectif (ou pour une usine de traitement).
Donc, qui dit faible nombre d’unités de production, dit nécessaire solidarité technique et financière entre les collectivités.
C’est à partir de ce grand principe que s’est organisée l’alimentation en eau potable de la Loire Atlantique. Au final, tout comme nous avons 16 sites de production, nous avons 16 structures intercommunales qui ont pris la compétence d’alimentation en eau potable. Laurent Caderon vous en parlera plus précisément.
Si nous regardons maintenant la consommation sur l’ensemble du département, depuis 1988, nous voyons qu’elle flirte avec les 80 à 90 millions de mètres cubes par an. Donc, globalement, malgré l’augmentation de la population dans le département, la consommation est quasi stable (hormis les fluctuations liées aux étés plus ou moins secs). Le ratio entre les volumes consommés et le nombre d’habitants montre que depuis 1988 nous sommes dans une phase de décroissance de la consommation d’eau potable. Nous économisons ou plus précisément nous luttons contre le gaspillage, tant au niveau individuel, que des industriels et collectivités.
Le schéma départemental de sécurisation de l’alimentation en eau potable est un document de prévision déterminant à l’horizon 2020 ce qu’il faut faire pour garantir à chacun une eau potable en quantité et qualité suffisante. Il comprend 3 grands thèmes :
La protection des ressources existantes ;
Le développement de nouvelles ressources ;
Le renforcement des interconnexions entre les différentes ressources.
Laurent Caderon vous parlera plus précisément des projets concernant le territoire.
Merci de votre attention.
[1] la qualité de l’eau « brute » et non celle de l’eau du robinet.
Monsieur Laurent Caderon est le directeur du Syndicat Départemental d’Alimentation en Eau Potable (SDAEP 44).
L’intervention va porter sur 3 points :
L’organisation administrative de l’alimentation en eau potable dans le département
Les tarifs
L’organisation sur le Pays de la Mée
Comme vient de le montrer la présentation de Frédéric Faissolle, la Loire Atlantique se caractérise par un nombre limité de ressources en eau potable (ayant un débit suffisant pour un usage collectif). Donc très tôt, les collectivités se sont regroupées en Syndicats Intercommunaux d’Alimentation en Eau Potable (SIAEP) pour organiser le service public de l’eau potable sur leur territoire. Puis, dès 1960, elles se sont fédérées en un syndicat départemental qui rassemble aujourd’hui 170 communes , essentiellement rurales, autours d’une volonté partagée : « Une eau de qualité, un tarif unique ».
Carte représentant les périmètres des différents structures en Loire Atlantique :
En couleur : les communes membres des 12 SIAEP et du SDAEP.
En blanc : les communes gérant seule leur service d’eau et ayant leur propre tarif (cas de Châteaubriant dans le Pays de Châteaubriant).
Les missions du SDAEP :
Vote du tarif unique de vente d’eau
Définition de la politique générale
Gestion administrative, technique et financière des Syndicats adhérents, sous l’autorité de leurs Présidents et du Président du Syndicat Départemental.
Pour mener à bien ces missions, le SDAEP emploie 22 personnes.
Quelques chiffres du SDAEP :
220 000 abonnés ;
10 200 km de canalisations ;
26 350 000 m3 consommés en 2009 dont
1 740 000 m3 vendus à l’extérieur (notamment pour votre territoire, à Châteaubriant) ;
rendement du réseau : 82 % (donc 18 % du volume qui est perdu : fuites, imprécisions de compteurs…) ;
indice linéaire de pertes : 1,5 m3/j/km (bon résultat). Il correspond au volume non comptabilisé que l’on divise par le nombre de jours et les kilomètres. Cet indice est plus important que le rendement, car plus précis. L’Agence de l’Eau Loire Bretagne considère que, pour un syndicat rural, en dessous de 1.5 m3/j/km, c’est un très bon résultat.
Les Budgets consolidés (SDAEP + 12 SIAEP)
Dépenses d’exploitation 2009 : 38,1 millions d’euros (1/3 production, 1/3 distribution, rémunération de l’exploitant, 1/3 charges d’emprunt)
Recettes d’exploitation 2009 : 45,1 millions d’euros
Excédent d’exploitation : 7,0 millions d’euros (autofinancement, servant, en partie, à financer des travaux)
Investissements (annuels)
Renouvellement réseaux : 14,3 millions d’euros (1/100e du linéaire est concerné, il est situé dans les bourgs et est le plus onéreux à renouveler) ;
Ouvrages structurants : 5 à 6 millions d’euros (châteaux d’eau…) ;
Extensions – Lotissements : 1,4 millions d’euros
Protection de la ressource : 1,0 millions d’euros
Le tarif de vente d’eau, avec prime d’abonnement :
Montant de la facture d’eau pour une consommation annuelle de 120 m3, en Euros, hors taxes et hors redevances.
Inévitablement, il y a un différentiel de coût entre communes rurales et urbaines, lié au rapport entre le linéaire et la densité de la consommation et du nombre d’abonnés.
L’intérêt du tarif unique est sa stabilité dans la durée. Ainsi, sur les 15 dernières années, le tarif du SDAEP a moins augmenté que l’inflation. Lorsqu’il y a des épisodes particuliers comme une sécheresse, il peut y avoir des charges importantes. Une petite commune isolée risque d’avoir des difficultés pour y faire face, alors qu’à 170 communes, il est possible d’avoir une stabilité grâce à la mutualisation.
Par ailleurs, lorsque nous lançons des appel d’offres pour des travaux ou pour la gestion des services, nous avons tout de suite un attrait plus important pour les sociétés et automatiquement de meilleurs prix.
Le SIAEP du Pays de la Mée, sans le SDAEP, devrait, pour réaliser ses travaux, augmenter son tarif de vente de 40 %. Pourquoi ? Aujourd’hui, sur le prix moyen du m3 à 1.76 € (abonnement compris), la charge de renouvellement est de 60 centimes. Or, un syndicat très rural, comme celui de la Mée, devrait consacrer de 1.17 à 1.67 €, selon les hypothèses faites, pour conserver le même niveau de renouvellement qu’actuellement.
Sur les 33 communes du Pays de Châteaubriant, 22 sont membres du syndicat intercommunal du Pays de la Mée.
La partie sud du SIAEP du Pays de la Mée est alimentée par l’usine de Saffré, avec une possibilité d’être connecté à l’usine de Nord sur Erdre et, bientôt, à une 3e usine en cours de construction à Mazerolles. Quel que soit l’accident sur l’un des sites de production, nous avons ainsi une garantie de pouvoir fournir de l’eau. Cette eau arrive au réservoir d’Abbaretz et est ensuite refoulée vers les réservoirs de Châteaubriant, Saint Vincent des Landes et Erbray, ainsi que les communes jusqu’au Petit Auverné.
La partie Nord est alimentée par l’usine de Soulvache qui alimente les réservoirs de Châteaubriant, Sion les Mines et Soudan et les communes jusqu’à Louisfert et Mouais. La difficulté pour cette zone est sa forte dépendance à une seule usine de production. Pour y remédier, le schéma départemental prévoit une interconnexion sud-nord via Châteaubriant pour sécuriser l’usine de Soulvache à partir de Saffré. Cette solution est onéreuse : des bouclages de moindre ampleur et une interconnexion avec l’Ille et Vilaine sont à l’étude.
Des travaux de renforcement sont par ailleurs engagés pour améliorer l’alimentation du secteur desservi par le réservoir de Sion les mines
Quelques chiffres du SIAEP du Pays de la Mée :
11 400 abonnés (5 % du SDAEP)
1 050 km de canalisations (10 % du SDAEP)
1 223 000 m3 consommés en 2009 (4.6 % du SDAEP)
Volume vendu à l’extérieur : 1 071 000 m3
Volume produit : 1 750 000 m3
Volume acheté : 1 150 000 m3
Rendement du réseau : 80 %
Indice linéaire de pertes : 1,5 m3/j/km (identique à la moyenne du SDAEP)
Les actions menées en faveur de la protection des captages.
Nous avons vu dans la présentation de Frédéric Faissolle que les sites de Soulvache et de Saffré sont assez différents en terme de sensibilité aux pollutions. C’est pourquoi, les mesures prises autours de ces captages sont « personnalisées ».
Pour protéger le captage de Soulvache, deux actions ont été réalisées.
A Saffré, l’axe central de l’intervention concerne le désherbage alternatif au désherbage chimique.
Merci de votre attention.
Présentation de l’intervention du SDAEP
Question : quel serait l’intérêt de la commune de Châteaubriant d’adhérer au syndicat intercommunal ?
Laurent Caderon : Sur la commune de Châteaubriant, les investissements réalisés sur le réseau (qui comptent beaucoup dans la facture d’eau) sont sans doute moins importants que sur d’autres communes, ce qui explique un coût moindre pour les habitants de la ville. par ailleurs le financement du renouvellement des réseaux est déjà inclus dans le prix de l’eau du Syndicat départemental [1]. La commune de Pont-Château était dans le même cas, elle avait un tarif inférieur au syndicat des eaux, cependant par solidarité mais aussi pour rechercher une stabilité sur l’avenir elle a décidé d’adhérer au syndicat. On voit certains syndicats devenir excédentaires alors qu’ils étaient déficitaires il y a quelques années, pour différentes raisons.
Question : Quand vous parler de solidarité départementale, elle n’est pas tout à fait complète car elle n’inclut pas Nantes métropole et la CARENE, entre autres. Qu’est-ce que cela va donner avec l’évolution de la loi sur les collectivités territoriales qui prône l’élargissement des communautés urbaines et d’agglomération ? Est-ce que la solidarité ne va pas encore plus se restreindre ?
Laurent Caderon : effectivement, si le nombre de communes membres du syndicat départemental diminue, le coût supporté par ces communes va augmenter, c’est mathématique. Cependant, on peut tout de même souligner qu’un dialogue s’est instauré avec Nantes Métropole à travers un schéma départemental mis en place par le CG44 (sécurisation de l’alimentation en eau ; discussions sur le prix de vente de l’eau entre collectivités) qui permet des actions communes.
Question : les syndicats intercommunaux se vendent de l’eau. Mais en amont, les sites appartiennent à qui ? Quelles sont les relations financières entre les acteurs ?
Laurent Caderon : Chaque SIAEP est maître d’ouvrage, propriétaire de ses installations de production et de distribution (usines, réservoirs, réseaux…), en l’occurrence le SIAEP du Pays de la Mée possède l’usine de Soulvache. Elle a été mise en place et financée par ce syndicat. Mais, il achète aussi de l’eau, par exemple, au SIAEP de Nord sur Erdre. Par ailleurs, il a la rémunération de son exploitant, Véolia pour la partie nord et la SAUR pour la partie sud. Enfin il a des charges d’emprunt. Ces charges devraient être équilibrées par les recettes, liées au tarif de vente de l’eau, sauf qu’au niveau du SIAEP du Pays de la Mée, le niveau des rentrées n’est pas suffisant ; il est déficitaire car le territoire est peu peuplé. L’équilibre financier se fait globalement au niveau du syndicat départemental (SDAEP). Il faut considérer qu’il y a 12 entités locales et une départementale, au niveau de laquelle se fait l’équilibre des comptes, entre les collectivités adhérentes. Mais si vous lisez le dernier rapport de la chambre régionale des comptes, qui date de 2009, notre système actuel même s’il a le mérite de bien fonctionner est en marge de la légalité car normalement il devrait y avoir un équilibre au niveau de chacun des SIAEP. Ce rapport dit que pour maintenir ce fonctionnement et donc ce tarif unique, il faudrait un transfert de la maîtrise d’ouvrage des SIAEP vers le SDAEP. Mais les élus ne souhaitent pas se dessaisir d’une maîtrise locale, primordiale pour une bonne gestion. Des discussions sont en cours.
Question : Vu le non équilibre du budget du SIAEP du Pays de la Mée, pourquoi n’augmente-t-il pas un peu ses tarifs de vente à Châteaubriant (qui doit acheter toute son eau à elle et n’adhère pas au SIAEP), de manière à rééquilibrer ses comptes et ne pas faire peser la solidarité à l’ensemble du département ?
Laurent Caderon : sur les 1000 km de réseau dans le Pays de la Mée, nous comptons 2 fois moins d’abonnés et donc 2 fois moins de recettes au mètre linéaire de réseau que sur les autres syndicats du SDAEP. Nous avons tous le même prix de production, le niveau de rémunération des exploitants (qui a baissé suite aux nouveaux appels d’offres) est à peu près comparable. Ce qui fait la différence, ce sont les charges. Le syndicat du Pays de la Mée bénéficie de la solidarité des autres communes, solidarité souhaitée à la fois par les élus et par les associations de consommateurs. A Châteaubriant, le prix est inférieur (pour mémoire, le prix SDAEP est de 211.26 € et celui de Châteaubriant 199.70 €) car la plus forte densité de population réduit les coûts de revient (lié au poids de l’investissement).
Le prix de vente en gros entre collectivités est effectué au prix de revient : le SIAEP du Pays de la Mée ne répercute à Châteaubriant que les charges de production, achat et transport, en incluant une part amortissement des ouvrages correspondants [2].
Réflexion : Concernant le tarif unique, nous avons en France un tarif unique pour l’électricité, nous pourrions envisager la même chose pour l’eau, de manière à garantir une égalité d’accès pour tous les membres de notre société.
Question : Nous n’avons pas beaucoup parlé des questions de qualité, notamment la présence des antibiotiques et des métaux lourds, qu’en est-il ? Quelles analyses sont réalisées ?
Frédéric Faissolle : L’eau est le produit alimentaire le plus contrôlé. Il y a des contrôles réalisés par l’exploitant (Véolia, …), mais surtout, et c’est important, d’autres sont réalisés par les services public, la DDASS en l’occurrence. Les éléments qui ont le plus de risque de se retrouver dans l’eau sont contrôlés. La liste de ces substances est actualisée en fonction des informations provenant du terrain. Pour illustrer, une association située sur le bassin de Massérac nous reprochait de ne pas rechercher certains produits, utilisés par les agriculteurs. Le laboratoire départemental n’étant pas en mesure de détecter ces produits, nous avons eu recours à un laboratoire de Valence qui n’a pas retrouvé ces substances. Le coût des contrôles ne permet malheureusement pas de généraliser toutes les analyses.
Concernant les nouveaux polluants médicamenteux, des programmes de recherche se mettent en place au niveau national. C’est un sujet de préoccupation, tous les acteurs impliqués dans l’eau potable suivent ces recherches.
La conclusion revient à Madame Segalen, Présidente de la Communauté de Communes de la Région de Nozay et Vice-Présidente du Pays.
Je tiens à souligner encore une fois la qualité des conférences proposées par le Conseil de Développement, j’en remercie son Président. Une conférence comme celle de ce soir nous a permis non seulement de mieux appréhender nos ressources en eau, avec la contribution de Mr Faissolle, mais aussi de comprendre comment localement les différents acteurs interviennent pour nous proposer une eau de qualité.
Quand on voit au niveau international, l’enjeu que l’eau représente, par exemple au Moyen Orient entre Israël et le Liban, on perçoit mieux la rareté de cette ressource et la nécessité de la préserver.
Dans l’exposé de ce soir, j’ai trouvé extrêmement intéressant le fait que l’eau se régénère. Il n’empêche que cette ressource est toujours extrêmement fragile, qu’il faut continuer à la protéger si l’on veut laisser à nos petits enfants des cours d’eau corrects.
Sommaire
Après ces éclairages concernant l’eau potable qui nous ont permis de mieux savoir ce qui se passe en amont de notre robinet, nous allons maintenant nous intéresser aux acteurs qui s’occupent de l’eau de surface, au niveau des bassins versants. Avant de les présenter et de leur laisser la parole, voici schématiquement les différents niveaux d’organisation mis en place :
Nb : nous avons indiqué les bassins versant couvrant le plus de communes du Pays de Châteaubriant.
Nous allons donc laisser la parole à :
Ils ont été créés dans les années 1970. Leurs missions d’origine étaient centrées sur la rivière. Il s’agissait de réduire les risques d’inondations et d’entretenir le patrimoine hydraulique.
A partir des années 2000, ils ont intégré la prise en compte des préoccupations du bassin versant dans son ensemble.
Ils se situent à l’amont d’un captage d’eau potable (sur la Vilaine à Férel).
Ils connaissent des étiages sévères (baisse de niveau importante en été et risques d’inondations en hiver).
L’activité agricole y est importante.
Le territoire est rural, sans grande agglomération (à part Châteaubriant).
Les industries sont surtout présentes à l’Est du territoire.
De nombreux obstacles (barrages, seuils) ont été placés sur les rivières.
Le Don prend sa source à St Michel et Chanveaux (49) et se jette dans la Vilaine, en amont de Redon, dans le Marais de Murin (à Massérac). Il fait 90 km de long.
Le bassin versant couvre 705 km2, répartis sur 30 communes. Parmi elles, 19 sont adhérentes au syndicat de bassin versant (en vert).
La Chère prend sa source à Soudan. Elle rejoint la Vilaine au niveau des marais de Ste Anne sur Vilaine. Elle mesure 66 km.
Son bassin versant couvre 452 km2, 18 communes sur 25 concernées sont adhérentes au syndicat de bassin versant.
Au quotidien, les syndicats fonctionnent grâce :
aux élus
aux salariés
Les ressources financières proviennent :
Des participations communales
Adhésion calculée selon 4 critères (surface communale dans le bassin versant, longueur de cours d’eau, population et potentiel fiscal)
Des subventions (investissement et fonctionnement) : Agence de l’Eau (35%), Conseil Régional (10%) et Conseil Général (40%).
L’action des syndicats est en lien avec les directives européennes et les déclinaisons nationales.
Les missions actuelles des syndicats
Concrètement, les actions concernent :
La restauration et l’entretien des berges.
La lutte contre les plantes envahissantes, telles que la jussie.
La gestion des ouvrages hydrauliques. Sur le Don, une vingtaine d’ouvrages sont identifiés, 14 sont privés (70%) et 6 appartiennent à des communes. La plupart nécessitent des travaux plus ou moins lourds pour les restaurer, car ils freinent l’écoulement de l’eau.
La sensibilisation à la protection de l’eau :
Les missions actuelles des syndicats d’eau
Afin de se mettre en cohérence avec la Directive Cadre sur l’Eau, le Grenelle de l’Environnement et le SDAGE Loire Bretagne, les syndicats de bassins versants doivent mettre en œuvre des actions favorisant un retour à l’écoulement naturel des cours d’eau.
Pourquoi ? Il s’agit de lutter contre la dégradation physique des cours d’eau, par exemple les seuils mis en travers des rivières afin de créer des réserves pour l’été qui posent des problèmes pour la circulation des poissons, la qualité de l’eau (stagnation), …
Comment ? Il est nécessaire d’intervenir sur les ouvrages, d’une des manière suivante :
gestion (ouverture / fermeture de vannes),
aménagement (par exemple passage pour les anguilles),
effacement.
1) Inventaire des zones humides et des cours d’eau
Pourquoi ?
SAGE Vilaine (2003).
Comment ?
Réalisation par un bureau d’étude assisté d’un groupe de travail local (élus, agriculteurs, pêcheurs, associations environnementales, administrations…) ;
Inventaire réalisé en concertation avec le groupe de travail communal (réunions, terrains, validation) ;
Coordination sur le territoire par les syndicats.
Résultats :
Sur le Don : 15 inventaires réalisés, dont 12 avec le Syndicat, 3 prévus en 2010-2011.
Sur la Chère : 14 inventaires réalisés dont 4 avec le Syndicat, 4 en cours.
2) Sensibiliser les communes à la réduction de l’utilisation des pesticides
Bref historique,
Cette action a débuté en 2003 par une sensibilisation des élus et des agents communaux. Un déplacement en Côtes d’Armor et d’une réunion technique ont été organisés. En 2005, le 1er plan de désherbage communal a été mis en place à Nozay.
Résultats :
Organisation de formations pour les agents, de démonstrations de techniques alternatives
Réduction en moyenne par 10 des quantités utilisées dans les communes mettant en œuvre ces plans.
Pour le Don, en mai 2010, 12 plans sont validés et 2 sont en cours. La carte ci-dessous donne la situation par commune :
Le choix de travailler avec les communes permet d’avoir un effet sur le comportement des particuliers. Il reste une marge de progrès, telle que la connaissance et l’application de l’interdiction de désherber les fossés (en vigueur depuis 2007).
Arrêté Préfectoral concernant tous les utilisateurs |
L’utilisation des produits phytosanitaires est interdite : À moins de 5 mètres des cours d’eau (plus certains produits) ; À moins de 1 mètre des fossés ; Sur les bouches d’égouts, les avaloirs et les caniveaux. |
Présentation de l’intervention des syndicats de bassins
Pour trouver de l’eau dans votre secteur, il faut utiliser des méthodes permettant de déterminer où sont les grandes fractures. Un travail prospectif a été réalisé en 2007, dans le triangle Nozay – Vay – Marsac.
La troisième conférence-débat a eu lieu le mercredi 31 mars 2010, à 20 h, au cinéma Atlantic Ciné à Châteaubriant.
Intitulée, « face aux enjeux globaux concernant l’énergie et le climat, quelle marge de manœuvre et quelles actions mettre en place chez nous ? », la conférence d’ Adolphe NICOLAS, professeur émérite à l’Université de Montpellier, physicien et géologue, a abordé les thèmes suivants :
Né en 1936 à Rennes, marié, père de quatre enfants et grand père de quatre petits-enfants, je suis actuellement professeur émérite à l’Université de Montpellier 2. Nommé Professeur à 32 ans, j’ai fondé le Laboratoire de tectonophysique à Nantes, puis suis devenu directeur de l’Institut des Sciences de la Terre, de l’Eau et de l’Espace de Montpellier, fonction que j’ai quittée pour devenir, de 2000 à 2004, le Conseiller au Ministère de la Recherche, en charge du secteur des Sciences de l’Univers, de la Terre et de l’Environnement.
Physicien et géologue de formation, ma carrière scientifique a porté sur la plasticité du manteau supérieur et la géodynamique des dorsales océaniques, carrière ponctuée par environ 250 publications, plusieurs traités et de nombreux prix scientifiques nationaux et internationaux, les derniers étant la médaille Hess de l’American Geophysical Union en 2004 et un Grand Prix de l’Académie des Sciences en 2005.
Je suis, par ailleurs, chevalier de la Légion d’Honneur et Officier des Palmes académiques. A l’issue de mon passage au Ministère, et à l’orée de la retraite, j’ai publié un livre « 2050, Rendez-vous à risques » (Belin éd., 2004), qui est une synthèse des diverses interactions de l’homme avec son environnement et des projections qu’elles autorisent à cette échéance.
Un nouvel essai (Futur empoisonné – quels défis, quels remèdes) est centré sur le devenir du gaz carbonique atmosphérique, ses menaces et les parades possibles, dans le cadre d’une réflexion sur l’Energie du futur. Il est sorti de presse en Février 2007, chez le même éditeur.
2050 rendez-vous à risques, Edition Belin – bibliothèque scientifique, 2004.
Vous pouvez lire une présentation synthétique en cliquant sur le lien suivant :
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=85&srid=429&ida=4969
Futur empoisonné, Quels défis ? Quels remèdes ? Edition Belin – bibliothèque scientifique, 2007.
Vous pouvez lire une présentation synthétique en cliquant sur le lien suivant :
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=85&srid=429&ida=8092
Demain, le péril ? : Economie, énergie, climat, biosphère, de François Laval (Auteur), Adolphe Nicolas (Préface), Edition Sang de la terre, 2010
Trois choses essentielles vont façonner le futur :
Le climat, mais avec des effets qui se ressentiront dans 50 ans,
la surpopulation avec un impact sur la biodiversité,
l’énergie, car elle est au centre de nos vies. Or elle va nous manquer et ce sera pour bientôt.
Le climat fait l’objet de différentes controverses, car c’est un système complexe dépendant de beaucoup de facteurs qui ne sont que partiellement étudiés. Les modèles GIEC (groupe international d’experts du climat) sont fondamentalement intéressants, mais ils suscitent des interrogations sur le rôle du soleil, de la vapeur d’eau … c’est légitime et c’est bien de s’interroger.
Nous allons donc principalement nous intéresser aux 2 problèmes les plus urgents : l’énergie et la surpopulation.
Les défis sont liés à la nécessité de limiter les émissions de CO2 tout en ayant à faire face à des besoins croissants